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Je ne vais pas citer les vertus de la méditation car les articles sur le sujet sont nombreux. Non, je vais plutôt vous raconter ma dernière expérience. Je sors tout juste de ma retraite de méditation Vipassana, que j’ai faite au Maroc. D’ailleurs, j’y suis encore en écrivant ces lignes.
Ce n’est pas ma 1ère fois, je l’ai déjà faite en janvier 2019, au même endroit, un ecolodge à 30 minutes de Marrakech, vue sur l’Atlas, avec des paons en liberté, des citronniers et un jardin botanique, qui font plaisir à mes yeux, alors que je laisse la neige et le brouillard bordelais.
Vipassana, c’est quoi ?
Sans en dévoiler trop, car ça ne se raconte pas, ça se vit ; C’est une retraite de 10 jours, intégrant 10h de méditation assise par jour et des enseignements, de 4h30 à 21h30. Sans téléphone, sans écriture ni lecture, alimentation végétarienne, sans sucre, sans sport, sans PARLER !!!!
Totale suppression des distractions, pour se concentrer sur la technique, laïque, enseignée partout dans le monde. Vipassana veut dire "voir les choses telles qu’elles sont vraiment".
En coaching, je dis souvent, qu’il est nécessaire de nettoyer sa "paire de lunettes" voir de l’enlever pour voir les situations avec un œil différent. Cette paire de lunettes représentant nos filtres, nos préjugés, nos conditionnements, nos expériences, notre éducation. Au fur et à mesure, ces lunettes se teintent, et se crée, alors, notre vision du monde.
Je suis, ce qu’on appelle, une "old student"*, donc j’ai des conditions différentes des "new student"**, je suis assise dans les 1ers rangs, je jeûne de 11h30 à 6h30 le lendemain, j’ai le droit aux appartements en hauteur.
Je ne vais pas vous raconter ce que cela apporte au niveau introspection et spirituel, en revanche je vais vous raconter ce qui s’est passé au niveau de mes soft skills. Cette expérience m’a permis de travailler 2 soft skills en particulier : le lâcher prise et la compassion.
1. Le lâcher prise : ça se passe dans la tête et dans le corps
Ceux qui me connaissent ne vont pas s’en étonner, j’ai eu la bonne idée de me porter volontaire pour une tâche bien difficile : sonner le gong, tous les matins, pour réveiller les étudiantes, côté Femmes, à 4h et 4h20.
Le fait de ne pas être que spectateur de l’aventure me plait et la responsabilité aussi. Je n’ai pas apporté de réveil, me reposant sur la personne qui sonne le gong .. zut cette fois-ci c’est moi. On me prête un réveil, qui fait un tel bruit (une vraie torture) et dont la pile sort à moitié. Je ne suis pas en confiance.
Le 1er réveil se passe très bien, je me réveille à 3h45, le temps de faire ma toilette et d’enchainer par la suite avec la méditation dans le hall. Je suis en confiance. Le 2nd matin arrive, je tourne dans mon lit, il fait nuit noire, je suis réveillée. Et je me dis, "bizarre, je me réveille avant le réveil, je dois vraiment être au taquet".. je regarde ma montre, mais je ne comprends pas l’information. Je m’attends à voir 3h30 .. mais ma montre affiche 5h15. Je bondis du lit, et en même temps, la manager toque à ma porte. Je me confonds en excuse, je suis choquée que cela m’arrive ..à moi !! je suis tellement occupée à m’excuser que je la laisse pas en placer une. Elle finit par me dire : "ça arrive, il n’y a rien de grave".
Mais pour moi c’est grave !! comment j’ai pu faillir à ce point. J’arrive dans le hall de méditation, et je vois que la moitié des étudiantes sont présentes. Je me pose à ma place, et mon mental s’emballe : "Comment t’as pu merder à ce point ? " "Les gens comptaient sur toi" "quelle déception" "on va penser quoi de toi ? … ". Oui, j’ai beau être coach, j’ai parfois ma petite voix intérieure qui est plus forte que moi.
Heureusement, la méthode de méditation incite à sortir de sa tête pour rentrer dans son corps et ressentir les sensations du moment. Je me sens nulle, et en colère contre moi-même, donc j’ai des tensions dans les cervicales, le ventre et la mâchoire. Mais petit à petit, je fais le calme dans ma tête, et je comprends que je suis là pour travailler cela. Je laisse passer la frustration, la honte et je les regarde me traverser sans leur donner plus de force que cela (avec équanimité*** comme on dit). Et je constate qu’au bout de 15min, le calme est revenu, les émotions digérées, le corps apaisé, et le sourire aux lèvres.
Si tout le monde apprenait à faire cela quotidiennement, imaginez l’ambiance au travail !! moins de stress, plus de lâcher prise, plus de sérénité.
Voir que cela est arrivé côté Hommes, le 7ème jour, m’a fait sourire. J’ai pensé, "j’espère qu’il va être doux avec lui-même".
2. La compassion : la vivre c’est top, la voir chez les autres c’est encore mieux
40 femmes assises les unes à côté des autres pendant 10 jours, (post COVID et ses divers traumas) c’est une expérience en soi. Ma voisine de droite est toujours en retard, elle est un peu gauche quand elle prend sa place car elle s’assoit sur une pile de coussins. Elle a le visage fermé, elle ne sourit jamais. Elle porte un long manteau, quand elle l’enlève, on prend tout dans le visage, à gauche comme à droite. Elle fait plein de bruits bizarres, elle bouge tout le temps, je prends régulièrement ses pieds sur mes genoux... bref compliqué !! Je dresse un portrait, plutôt négatif, de cette personne.
Je suis persuadée que cette proximité fait partie intégrante de l’expérience. Je n’aurais pas pu être témoin de la compassion sans cela.
Tous les jours sont difficiles, mais le 9ème jour, cette fois-ci a été particulièrement difficile. Et je crois, pour tout le monde. 9ème jour, on se croit, quasiment sortie du bois, mais non. En pleine méditation du matin, cela fait déjà 5h que l’on médite, j’ai senti ma collègue de droite traverser quelque chose d’important. Elle fait des bruits bizarres de gémissement, qui dérangent tout le hall, alors j’ouvre les yeux pour la regarder d’un œil très agacé. Je vois que ma collègue devant moi en diagonale, en fait de même. On la regarde donc toutes les 2, de travers. Soudain, elle commence à sangloter avec tout son corps. Un sanglot qui vient de très très loin, et son visage qui se déforme par la tristesse, des grosses larmes qui coulent le long de son visage. Ça se voit qu’elle essaie de se contenir, mais c’est plus fort qu’elle.
C’est alors que je vois ma collègue en diagonale, totalement changer d’attitude. Elle est passée d’un visage fermé, agacé à un visage désolé, les yeux doux, et une expression de compréhension. Elle se retourne, pose une main sur ma collègue de droite, et se lève en lui proposant ses mains pour l’aider. Elle sort avec elle, la réconforte. Je l’ai vu par la suite, retourner dans sa chambre avec le sourire. Moi je n’osais pas, je n’ai fait que poser ma main sur son épaule. Plus tard, je vais la voir dans sa chambre, elle avait le sourire et m’a fait un cœur avec les mains pour signaler son état d’apaisement.
Le Jour 10, on peut enfin se parler. Elle me dit que cet épisode l’a profondément marqué et qu’elle a ressenti de la bienveillance et de la compassion, comme jamais dans sa vie. Et que juste d’être vue dans sa tristesse l’a fait se sentir aller mieux.
Et j’ai pensé, "combien de fois dans ma vie, me suis-je laissée l’opportunité de changer d’avis, de ressenti envers une personne ?". Je pensais avoir de la compassion... cette épreuve m’a prouvé que j’avais encore du boulot. Qu’est ce qui se passerait, si on (se) laissait le temps d’exprimer les émotions, sans vouloir les rationaliser, les étouffer, les soulager... Il se passerait certainement quelque chose d’aussi puissant que ce que j’ai pu observer. J’ai vu une personne se transformer totalement, juste par un élan de compassion.
Le parallèle avec la culture managériale que j’aide à déployer chez mes clients, me percute.
La petite histoire voudra que cette femme, dont le comportement m’a agacé pendant 8 jours, et ému le 9ème, m’apprenne que l’on s’est déjà rencontré 10 ans auparavant.
Je sors de cette 2nd aventure, rempli de joie, d’optimisme et de créativité ; et surtout je sais que je vais ajouter la méditation dans mes accompagnements.
A très vite pour découvrir les offres de Maison des soft skills.
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Je suis Gihane, Fondatrice de Maison des soft skills, jeune entreprise dont la vocation est d’aider au développement des soft skills, à travers des expériences apprenantes.
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* ancienne étudiante
**nouvelle étudiante
***égalité d’humeur, disposition affective de détachement.
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